On le sait depuis longtemps : il existe un lien entre la santé des êtres humains, des animaux et des écosystèmes. Comme l'a montré la pandémie de COVID-19, cette interconnexion entraîne un risque de propagation de nombreux types de maladies infectieuses. La stratégie harmonisée « Une seule santé » traite de ces liens et de ces vulnérabilités et vise à trouver un équilibre durable entre la santé des êtres humains, des animaux et des écosystèmes et à l'optimiser, grâce à une collaboration multisectorielle et pluridisciplinaire.
À cette fin, et pour renforcer le plaidoyer en faveur d'« Une seule santé » et susciter un engagement à haut niveau, l'OMS/Europe a organisé une séance d'information de haut niveau dans le cadre de la 74e session du Comité régional de l'OMS pour l'Europe (CR74) afin d'inciter les États membres à adopter, adapter et mettre en application l'approche « Une seule santé » en fonction de leur contexte et en conformité avec les priorités mondiales et régionales.
« La pierre d'angle du Programme de travail européen est un engagement en faveur d'une intervention collective pour une Région en meilleure santé. « Une seule santé » joue un rôle clé à cet égard, car elle fait le constat des liens profonds entre la santé humaine, animale et environnementale. Dans le monde d'aujourd'hui, où les problèmes sanitaires sont plus complexes que jamais, cette approche est essentielle », déclare le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe, en exhortant les États membres à agir de concert.
Des stratégies sur mesure pour remédier aux problématiques de santé
L'OMS, en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) - qui représentent ensemble le groupe quadripartite chargé de faire progresser la concrétisation de l'approche « Une seule santé » - aide les États membres à adopter les priorités régionales concernant cette approche et, partant, à faire progresser la mise en application d'« Une seule santé » dans la Région.
À cette fin, l'OMS/Europe a élaboré un guide pour permettre aux États membres de concevoir des stratégies adaptées afin de mettre en œuvre « Une seule santé » en fonction de priorités spécifiques, en s'attaquant aux problématiques et aux lacunes nationales en matière de santé. Ce guide montre le besoin impérieux de collaborations et de démarches innovantes, centrées sur la personne et fondées sur des données probantes pour remédier à des problèmes sanitaires complexes. L'ouvrage s'appuie sur les 6 priorités régionales, à savoir :
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promouvoir et renforcer la gouvernance, le leadership et les partenariats ;
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renforcer les capacités de prévention et de préparation ;
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encourager et soutenir des solutions équitables, inclusives et durables pour lutter contre les inégalités ;
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fournir des preuves de l'efficacité d'« Une seule santé » en se fondant sur des données et la recherche ;
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faciliter l'attribution de financements durables ;
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développer et maintenir des compétences de base concernant l'approche « Une seule santé » pour les personnels de santé et autres.
« Ce qui rend ce guide unique, c'est la manière dont il aborde les problèmes spécifiques à la Région. Il propose des outils adaptables pour aider les pays à tailler sur mesure des stratégies « Une seule santé » en fonction de leur propre contexte », déclare le docteur Maggie de Block, présidente du Groupe consultatif technique de l'OMS sur l'approche « Une seule santé ».
Les pays qui font progresser « Une seule santé »
Les pays de la Région avancent à grands pas dans l'adoption de l'approche « Une seule santé ». Le Danemark, par exemple, avec son programme intégré de surveillance et de recherche sur la résistance aux antimicrobiens, joue un rôle de premier plan depuis 1995. Cette initiative permet d'observer l'usage des antibiotiques chez les animaux et l'être humain, contribuant ainsi à lutter contre la progression de la résistance aux antimicrobiens. En 2018, le Kazakhstan a suivi le mouvement en élaborant une feuille de route nationale sur « Une seule santé » afin de pouvoir mieux réagir contre les zoonoses et améliorer la sécurité alimentaire et la biosécurité. La concrétisation de cette feuille de route devrait être terminée pour 2025, l'accent étant mis sur la collaboration et la recherche intégrée.
Le docteur Budimir Plavsic, représentant régional de l'OMSA pour l'Europe et président du Mécanisme régional de coordination de l'approche « Une seule santé », insiste sur le fait que les pays ont à leur disposition un soutien indispensable pour faire progresser la mise en application d'« Une seule santé ». « La Région européenne », déclare-t-il, « a mis en place un efficace Mécanisme de coordination de l'approche « Une seule santé » qui fournit des conseils et un soutien essentiels aux pays. J'invite tous les pays à tirer pleinement parti de ce mécanisme, mis au point par les partenaires de la quadripartite, afin d'améliorer la santé des êtres humains, des animaux et de notre environnement commun. Ensemble, nous pouvons renforcer la santé de tous pour demain ».
Le premier centre collaborateur pour l'approche « Une seule santé » dans la Région européenne de l'OMS
Afin de promouvoir la production de bases factuelles et de favoriser la collaboration entre les secteurs et les pays en vue de faire progresser la mise en application d'« Une seule santé », l'OMS/Europe et l'University College Dublin ont établi un centre collaborateur pour « Une seule santé » dans la Région européenne. Ce centre s'appuiera sur la recherche et sur des bases factuelles pour organiser la mise en œuvre d'une approche « Une seule santé » dans la Région.
« Dans les années à venir, nous nous efforcerons de positionner ce centre comme une plaque tournante de la recherche qui mène à l'action, et nous œuvrerons en faveur d'un enseignement qui apporte vraiment de nouvelles connaissances et des recommandations qui transformeront les politiques menées. Notre mission n'est pas seulement d'étudier les risques, mais aussi de concevoir activement des solutions qui favorisent la santé et le bien-être de tous », déclare le professeur Tony Holohan, directeur du nouveau centre collaborateur pour « Une seule santé » à l'University College Dublin.
L'approche « Une seule santé » s'est imposée comme une assise essentielle, non seulement pour prévenir les nouvelles pandémies et pour s'y préparer, mais aussi pour réorganiser les pratiques actuelles en matière de soins de santé. Avec l'OMS/Europe à la barre pour promouvoir « Une seule santé » et guider sa mise en application dans la Région, « Une seule santé » recèle la possibilité de faire tomber les barrières entre les secteurs et de favoriser la collaboration, la coordination, la communication et le renforcement des capacités interdisciplinaires et intersectorielles afin de préserver et de promouvoir la santé.