Federal Department of Foreign Affairs of the Swiss Confederation

10/21/2024 | Press release | Distributed by Public on 10/21/2024 08:54

«Anticiper l’impact des développements scientifiques sur la paix et la sécurité internationales» (fr)

Rede von Bundesrat Ignazio Cassis, Vorsteher des Eidgenössischen Departements für auswärtige Angelegenheiten (EDA) im UNO-Sicherheitsrat - Es gilt das gesprochene Wort

Excellences,

Je m'exprime à présent en ma qualité de représentant de la Suisse - et je remercie les briefers pour leurs excellentes contributions.

Les nouvelles technologies redessinent les relations entre les personnes, les organisations et notre environnement. Cela n'est pas nouveau.
Ce qui l'est, en revanche, c'est que la vitesse du progrès dépasse désormais largement la vitesse biologique de notre évolution, créant de profondes fractures dans la société.

Ce qui était de l'ordre de la science-fiction il y a dix ou quinze ans est en passe de devenir notre nouvelle réalité.
Nous en avons eu un exemple édifiant tout à l'heure : l'impact sur la paix et la sécurité des avancées en neurosciences et neurotechnologies sera conséquent.

Les neurotechnologies pourront bientôt améliorer la précision des soldats, leur endurance et leur tolérance à la douleur. Ces avancées permettront aux soldats de contrôler des membres supplémentaires ou d'acquérir de nouveaux sens, comme voir dans l'obscurité.
L'intégration de l'intelligence artificielle et des neurotechnologies permettra une prise de décision ultra-rapide, posant des questions essentielles sur le contrôle des décisions dans la guerre et, finalement, sur la manière de garantir l'applicabilité des conventions de Genève.

Mesdames et Messieurs,

Le maintien de la paix et la sécurité internationales est aujourd'hui une tâche à la fois urgente et complexe. Ce conseil en sait quelque chose.
Il devient alors encore plus urgent de se préparer. En un mot : d'anticiper.

Nous sommes obligés de considérer la dynamique mondiale à travers le prisme de la science, car l'accélération rapide de cette dernière aura un impact profond sur tous les aspects de notre vie, y compris sur la paix et la sécurité.

Nous devons nous préparer à relever les futurs défis liés à la science. Le futur, c'est ici et maintenant.

C'est l'appel que la Suisse lance aujourd'hui avec l'organisation de ce Briefing : explorer, comprendre et anticiper le rôle de la science dans la politique de sécurité.

Comment faire respecter la charte de l'ONU et le droit international humanitaire - plus que jamais essentiels - face à ces disruptions ?
Comment défendre nos principes d'humanité face aux risques de guerres dés-humanisées ?

Excellences,

C'est précisément pour répondre à cet appel que la Suisse a fondé le centre Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA) en 2019.
Avec des résultats concrets :

  • Tout d'abord, l'Open quantum Institute -inauguré l'année dernière - qui vise à mettre la technologie quantique au service du bien commun, accessible à tous.
  • Puis l'Anticipation Gateway Initiative - lancée il y a tout juste 10 jours - qui vise à démocratiser l'accès à la science et à la technologie de pointe.

Mesdames et Messieurs,

« Gouverner, c'est prévoir » ... disait Adolphe Thiers - le premier président de la Troisième République de France - à la fin du XIX siècle.

Le corollaire de la maxime est moins connu, mais tout aussi juste : « ne rien prévoir, ce n'est pas gouverner, c'est courir à sa perte ».
Avançons donc, dans la bonne direction !

Bien que certains aspects évoqués rappellent un film d'anticipation, nous devons les intégrer de manière transversale dans la suite de nos travaux. Cela nous évitera que des éléments normatifs arrivent après le débat, trop tard donc, au lieu de les avoir anticipés et accompagnés.

La Suisse est convaincue que le Conseil de sécurité doit maintenir son attention sur la question scientifique. Il doit s'appuyer sur des experts de haut niveau et des outils, tels que GESDA, déjà disponibles. Le Conseil doit également se pencher sur l'impact de ces avancées sur les opérations de paix.

Nous recommandons également que le Secrétaire général informe régulièrement le Conseil des avancées scientifiques et de leur impact potentiel sur la paix, soit par un briefing annuel, soit dans ses rapports thématiques inscrits à l'agenda du Conseil.
Nous espérons aussi que d'autres pays alimenteront régulièrement ce thème central.

Mesdames et Messieurs,

Ce Conseil se doit d'investir dans l'anticipation.

Vous pouvez compter sur l'engagement de la Suisse, sur le partage des connaissances et des partenariats scientifiques développés notamment au sein de la Genève internationale.

Je vous remercie pour votre participation à ce briefing et j'espère que nous porterons cette vision commune régulièrement dans ce Conseil, et au-delà.

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