11/07/2024 | Press release | Distributed by Public on 11/07/2024 22:14
Depuis le début du mois d'octobre, le Mozambique traverse une zone de turbulences, marquée par des manifestations dénonçant les fraudes constatées lors des élections générales du 9 octobre, qui n'épargnent pas les journalistes. Reporters sans frontières (RSF) dénonce les agressions dont ils sont victimes et appelle à leur protection dans l'exercice de leurs fonctions.
Octobre noir pour les médias au Mozambique. Véhicule de presse caillassé, journalistes visés par des tirs de gaz lacrymogènes, interpellations, coupures d'Internet, menaces en ligne… Les atteintes à la liberté de la presse se succèdent dans le pays, depuis le début des tensionsaux lendemains des élections générales du 9 octobre et de l'assassinatde deux proches du candidat de l'opposition, Venancio Mondlane.
Depuis quelques semaines, la situation des journalistes au Mozambique est extrêmement préoccupante. Les reporters sont constamment ciblés par les forces de l'ordre et des militants lors des rassemblements secouant le pays. Plutôt que d'assurer la protection des journalistes, les autorités couvrent ces attaques et la terrible répression des manifestations en coupant l'accès à Internet. Alors que le Mozambique traverse une grave période de turbulences, une presse libre et la garantie de la sécurité des professionnels des médias sont plus que jamais cruciales. RSF dénonce les graves agressions et violations du droit à l'information et appelle les autorités à agir d'urgence pour rétablir un climat propice à la liberté de la presse.
Le 21 octobre, une quinzaine de journalistes qui devaient couvrir un discours de Venancio Mondlane, principal opposant et candidat à la présidentielle, ont été viséspar des tirs de gaz lacrymogènes. Cinq journalistes blessés ont dû être transportés à l'hôpital central de Maputo, dont Bruno Marrengula, caméraman pour la télévision privée TV Gloria. Touché à la jambe, le reporter souffre d'une fracture du tibia. Un journaliste de Radio Mozambique a pour sa part été blessé durant une manifestation organisée le 31 octobre dans la capitale du pays, par des jets de pierres visant le véhicule de son média.
Agressions physiques et menaces en ligne
Plusieurs agressions ont également eu lieu en dehors de la capitale. Cinq reporters des chaînes de télévision TV Sucessoet Amaramba, ainsi que de Radio Esperançaont vu leurs téléphones, utilisés pour filmer les échauffourées, être confisqués durant plusieurs heures à Insaca, au nord du pays, le 26 octobre. Mécontent des images tournées, montrant la police tirant sur les manifestants, le représentant local du service d'information et de sécurité de l'État a proféré des menaces contre eux. La veille, Nuno Gemusse Alberto, journaliste de Radio communautaire de Monte Gile, a lui été interpellé, alors qu'il sortait de son lieu de travail. Emmené au commandement du district, le journaliste a été frappé aux jambes et n'a été libéré que quelques heures plus tard.
Les journalistes sont également ciblés en ligne. Ernesto Martinho, reporter travaillant pour la télévision privée TV Sucesso, a été menacé sur les réseaux sociaux, notamment par des agents et employés de l'État.
L'accès à l'Internet a par ailleurs été perturbé à plusieurs reprises depuis l'annonce des résultats de l'élection le 24 octobre. Le lendemain des résultats, le gouvernement a ordonné l'interruption d'Internet à trois sociétés de téléphonie mobile, Tmcel, Vodacom et Mobitel. Bis-repetita le 31 octobre, les deux dernières entreprises citées ont dû bloquer l'accès aux réseaux sociaux. Le service de surveillance d'Internet Netblocks continue d'observer des coupures temporairesdepuis le début du mois de novembre.