RSF - Reporters sans frontières

11/14/2024 | Press release | Distributed by Public on 11/14/2024 10:15

Sénégal : RSF demande aux futurs députés de supprimer les peines privatives de liberté pour les délits de presse

Alors que le Sénégal s'achemine vers des élections législatives le 17 novembre, Reporters sans frontières (RSF) demande aux futurs députés de s'engager à restaurer une liberté de la presse pleine et entière. L'organisation les appelle à adopter, dès leur entrée en fonction, quatre réformes prioritaires afin de protéger les journalistes et de favoriser le droit à l'information.

Journalistes convoqués, difficultés économiquespersistantes et absence de dialogueentre autorités et médias… Malgré une amélioration notabledepuis l'arrivée des nouvelles autorités en avril dernier, la situation des médias au Sénégal reste difficile. RSF appelle les futurs députés à voter des lois historiques pour restaurer la liberté de la presse au Sénégal.

Alors que les futurs députés sénégalais auront la responsabilité historique de réconcilier l'Assemblée nationale avec le peuple, il est crucial qu'ils restaurent une liberté de la presse pleine et entière dans le pays. Trop de journalistes ont été emprisonnés sur des bases fallacieuses, agressés dans l'exercice de leurs fonctions ou cyberharcelés en raison de publications ou d'opinions. Les difficultés économiques des médias, ainsi que les accointances de certains avec des personnalités politiques, ne favorisent pas l'émergence d'un écosystème sain. Il est urgent que les parlementaires prennent toutes les mesures ouvrant à la population un véritable droit à l'information. RSF appelle les députés à procéder, dès leur entrée en fonction, à quatre réformes prioritaires et en premier lieu, le vote de la suppression des peines privatives de liberté pour les infractions de presse, et celui de la loi d'accès à l'information d'intérêt public.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

En juin, RSF a publié le rapport Sénégal : le journalisme à la croisée des chemins, avec une trentaine de recommandations en faveur de la protection des journalistes, du pluralisme des médias, et de la lutte contre la désinformation au Sénégal.

RSF s'adresse aujourd'hui en particulier aux futurs députés et leur enjoint de s'engager à mener quatre réformes prioritaires :

  1. Supprimer les peines privatives de liberté pour les infractions de presse :le Code de la presse voté en 2017 prévoit de lourdes peines privatives de liberté pour les infractions de presse. Il est temps de les supprimer et de garantir qu'aucun journaliste ne sera privé de sa liberté pour avoir exercé son métier.
  2. Criminaliser le cyberharcèlement visant les journalistes :en visant délibérément des journalistes, les auteurs de ces attaques en ligne s'en prennent non seulement aux droits des personnes qu'ils ciblent, mais également au droit à l'information des citoyens sénégalais. Une commission parlementaire transpartisane pourrait être mise sur pied afin de réfléchir à la pénalisation de certaines formes de cyberharcèlement et retenir le ciblage de journalistes comme une circonstance aggravante.
  3. Favoriser l'accès à l'information d'intérêt général : la loi sur l'accès à l'information d'intérêt public doit être votée et promulguée sans délai afin de fournir aux journalistes sénégalais la possibilité de remplir leur mission essentielle d'information dans des conditions satisfaisantes.
  4. Instaurer une meilleure transparence des médias et de leur financement :des règles plus précises relatives à la transparence des médias, en particulier ceux qui diffusent des programmes d'information générale, devraient être introduites dans la loi. La loi devrait également interdire la possibilité pour des personnalités physiques exerçant des responsabilités publiques nationales de premier plan (ministres, députés, hauts fonctionnaires,…) la possibilité d'être actionnaire majoritaire d'un média.
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Publié le14.11.2024