12/13/2024 | News release | Distributed by Public on 12/13/2024 08:58
D'Alexandre Dumas à Victor Hugo en passant par Honoré de Balzac ou Eugène Delacroix, cette série d'animation documentaire, produite par Silex Films pour ARTE, propose une immersion dans le Paris du XIXe siècle à travers les destins croisés des plus grands artistes. Sa créatrice Amélie Harrault nous raconte comment elle a imaginé avec l'auteur Dan Franck ainsi que les scénaristes Valérie Loiseleux et Céline Ronté, cette grande fresque en 2D qui décrypte la révolution du romantisme dans une capitale française bouillonnante.
Pourquoi avoir eu envie de vous pencher sur les artistes du courant romantique ?
Amélie Harrault : Au départ, nous avions pensé parler des impressionnistes, mais c'était assez connu. A contrario, nous nous sommes rendu compte que cette partie de notre histoire, entre 1824 et 1871, était un peu trouble. Il s'est passé beaucoup de choses entre Napoléon et la Troisième République. Nous connaissons les personnalités de l'époque, mais nous avons tendance à mélanger les auteurs du XIXe siècle, à situer Balzac et Hugo à la même période que Maupassant, alors qu'un demi-siècle les sépare. L'Armée des romantiques raconte une époque, un Paris que nous connaissons finalement assez mal, bien qu'il s'agisse d'une période extrêmement riche. Nous parlons de la construction de la République française, d'événements qui ont façonné notre société contemporaine. Toutes les œuvres de ces artistes sont désormais dans le domaine public, ce qui nous a permis d'aborder l'époque à notre façon. Avec une liberté dont on ne dispose pas quand on traite le XXe siècle.
Dumas, Hugo, Balzac, Sand, Delacroix… L'Armée des romantiques nous fait redécouvrir ces figures marquantes du XIXe siècle…
Nous pouvons parler de stars ! Nous avons pris plaisir à constituer un super casting. Mais c'était aussi intimidant de savoir que nous allions toucher à ces monuments de la culture française. Comment les raconter de manière humble, tout en les incarnant ? Avec mes coscénaristes, Valérie Loiseleux et Céline Ronté, nous avons énormément lu. Nous avons exploré des témoignages d'époque, des articles, pour parvenir à esquisser le portrait de chacun d'entre eux et réussir à capter leurs personnalités. Comprendre qui ils pouvaient être. Esthétiquement, nous avons voulu être ressemblants, pour donner, au bout du compte, un visage cohérent à ces artistes tels que nous les connaissons.
La série rejoue des scènes de la vie parisienne de l'époque. Comment avez-vous abordé cette mise en scène de l'Histoire ?
Nous savions des choses, que les uns et les autres se côtoyaient, se fréquentaient, discutaient, échangeaient. Mais ensuite, il faut tout mettre en scène. Qu'est-ce qu'ils ont pu se dire ? Nous étions accompagnés par une historienne qui nous a suivis en tant que consultante. Nous avons pris soin de suivre un ordre chronologique, de respecter les dates. Nous sommes vraiment proche d'une certaine vérité historique. Le piège, c'est que ces artistes romantiques se sont beaucoup racontés en sachant qu'ils allaient passer à la postérité. Ils ont plus ou moins créé leur propre légende et il a fallu trier le vrai du faux, en mettant tout cela en perspective par rapport aux témoignages de leurs contemporains. Et puis nous avons évidemment inclus leurs œuvres dans le récit. Nous avons essayé de croquer sur le vif, dans des saynètes, une sensation de leurs œuvres.
Pourquoi avoir opté pour l'animation ?
Nous savions dès le départ, compte tenu de la période, que nous ferions toute la série en animation. L'alternative aurait été d'utiliser des images de fiction, de représentation. Mais ça n'aurait pas eu beaucoup de sens. Après la série que nous avions réalisé sur Les Aventuriers de l'art moderne (2015), déjà en animation, ARTE a souhaité le même concept en poussant les curseurs encore plus loin. L'imagerie du XIXe siècle est marquée par les peintures, les dessins, les gravures, qui retranscrivent l'époque. J'avais en tête tout un paysage du XIXe siècle assez magique. L'animation permet ainsi d'innover, de créer des ruptures graphiques, de jouer avec les codes pour mieux l'intégrer dans la narration. En revanche, ce travail a entraîné de grosses contraintes : reconstituer le Paris de l'époque en animation signifie créer des décors qui vont évoluer. Paris a beaucoup changé entre le vieux Paris de la Seconde Restauration et le Paris haussmannien. Et dans le même temps, nos personnages, nos artistes vieillissent aussi, au fil des quarante ans d'histoire que brasse la série.
Comment a été conçue L'Armée des romantiques ?
Presque toute la série a été fabriquée dans les studios de Silex Films, à Angoulême. Les Astronautes, la société basée à Valence, est venue nous aider sur la mise en couleur des personnages en aplat. La fabrication a duré deux ans, avec une cinquantaine de personnes impliquées. Tout a été fait par ordinateur. J'avais commencé à dessiner à la main, mais sur un projet d'une telle ampleur, je me suis vite rendu compte que ce n'était pas possible. Nous n'avons que trois ou quatre plans en peinture sur verre au tout début de la série, qui proviennent d'un teaser que m'avait demandé de faire ARTE il y a sept ans…
Pourquoi avez-vous opté pour une narration de Cécile de France qui fait toutes les voix ?
Nous avons réfléchi à engager un casting vocal pour animer les scènes et se distinguer des Aventuriers de l'art moderne (où Amira Casar assurait la narration). Nous avons même fait des tests, mais ce n'était pas concluant. Amener d'autres voix nous sortait de la narration. Nous sommes donc restés sur Cécile de France comme conteuse, qui travaille sur différents registres, tantôt historiques, tantôt émotionnels. Comme si elle nous racontait une période qu'elle avait vécue.
Que voudriez-vous que les gens retiennent de la série ?
Je souhaite qu'elle leur donne envie de rouvrir des livres de ces auteurs. De redécouvrir Gérard de Nerval ou Victor Hugo. Et pourquoi pas d'aller redécouvrir Paris différemment, à travers le prisme du XIXe siècle.
Série d'animation documentaire en 4 épisodes de 52 minutes
Créée par Amélie Harrault, sur une idée de Dan Franck
Réalisée par Amélie Harrault
Écrite par Amélie Harrault, Céline Ronté, Valérie Loiseleux
Avec la musique d'Olivier Daviaud
Avec la voix de Cécile de France
Production : Silex Films (Priscilla Bertin et Judith Nora) et ARTE France
Sur arte .tv à partir du 14 décembre, sur ARTE le 21 décembre
Soutiens sélectifs du CNC : Fonds de soutien audiovisuel (aide à la préparation et aide à la production), Aide à la création visuelle et sonore (CVS)